10 éditions de GT3 aux Total 24 Hours of Spa

Raising the benchmark: 10 editions of GT3 racing at the Total 24 Hours of Spa

Cette année, les Total 24 Hours of Spa ont rejoint les livres d'histoire. Le dernier chapitre a pris un peu plus de temps que prévu à s’écrire, mais une fois les voitures en piste, la compétition s’est montrée plus fascinante que jamais.

Cette épreuve marquait la 20ème édition depuis l'adoption du règlement GT en 2001, une décision pleinement reconnue pour avoir rendu à l'épreuve ses lettres de noblesse. Depuis la seconde moitié de cette période, Spa s’est muée en une course de GT3, attirant les meilleurs mondiaux pour s’affronter sur l'une des pistes les plus emblématiques et, en conditions normales, attirant des dizaines de milliers de spectateurs sur le circuit. 

Les GT3 étaient déjà bien présentes sur les 24 Heures avant 2011, mais leur promotion au statut de catégorie reine a transformé les figurantes en stars du spectacle. Il y avait un petit contingent de GT4 en 2011, alors que les catégories GT Cup et Groupe National étaient présentes sur la grille avec quelques voitures issues de coupes monomarque, mais on peut néanmoins  déjà parler d'ère GT3 à Spa.

Parmi les sujets qui émergent durant cette période, le plus frappant est peut-être la domination de quatre constructeurs allemands. Au cours de la décennie précédente (2001-2010), les marques américaines et italiennes ont raflé quatre victoires chacune, tandis que côté allemand, on comptait deux victoires grâce à Porsche. Les marques britanniques étaient également sur le podium, grâce à Lister (2002) et Aston Martin (2006 et 2008).

Le passage à la réglementation GT3 a radicalement modifié l'équilibre des forces en présence. Non seulement une marque allemande a remporté les 10 dernières éditions, mais l’Allemagne a également monopolisé le podium à neuf reprises. Seule exception, en 2017, lorsque la Bentley #8 M-Sport s’est classée deuxième, prise en sandwich entre une Audi et une Mercedes-AMG.

Plus surprenant peut-être, au cours de la dernière décennie les puissantes marques italiennes ne se sont pas classées dans le Top 3. Mais le résultat final ne raconte jamais toute l'histoire, et la course 2020 en fut un bon exemple: la Ferrari #51 AF Corse a mené le plus grand nombre de tours en course, tandis que la Lamborghini #63 Orange1 FFF, alors favorite pour la victoire, est lourdement sortie de la piste dans le Raidillon. 

Bien sûr, il faut rendre aux poids lourds allemands ce qui leur appartient. Audi a engrangé quatre victoires au cours des dix dernières années (2011, 2012, 2014 et 2017), suivie de BMW avec trois succès (2015, 2016 et 2018). Le récent triomphe de Porsche a permis à la marque de Stuttgart d’enchainer deux victoires consécutives (2019 & 2020), tandis que Mercedes-AMG l'a emporté en 2013.

Porsche et Audi sont donc à égalité avec quatre victoires sur l’ensemble de l'ère GT, ce qui en fait les marques les plus auréolées des 20 dernières années. Mais en zoomant sur le passé, avantage à BMW. Trois victoires au cours des années GT, en plus de l'incroyable parcours de la marque bavaroise avant 2001 avec 21 victoires, soit un impressionnant total de 24 succès dans les Ardennes. Avec huit victoires, Porsche est le deuxième meilleur constructeur.

Alors que quatre marques se sont imposées au classement général, 16 au total ont tenté leur chance sous l’ère GT3. Sept d'entre elles étaient présentes à chaque édition: les marques italiennes Ferrari et Lamborghini, le puissant quatuor allemand composé d'Audi, BMW, Mercedes-AMG et Porsche et la marque britannique Aston Martin. Les McLaren n'ont été absentes qu'une seule fois (en 2019), tandis que Bentley répond présent depuis 2014.

Plus récemment, les marques japonaises Honda et Lexus sont devenues des concurrents réguliers, participant aux trois dernières éditions de la course, tandis que Nissan s’est révélé favori des fans entre 2012 et 2019. Grosse côté également pour la Jaguar XKR GT3 d'Emil Frey Racing, engagée en 2012 puis de 2014 à 2018. Trois marques américaines étaient largement impliquées au début des années GT3 : Ford et Dodge, représentées en 2011 et 2012, alors qu'une seule Chevrolet Corvette était sur la grille, en 2011. 

Parmi les équipes, deux d’entre elles sont devenues de véritables stars lors de la dernière décennie. Le Belgian Audi Club Team WRT a terminé sur le podium tous les ans entre 2011 et 2016, décrochant la victoire en 2011 et 2014. L’équipe n'est pas parvenue à rentrer dans la trio de tête depuis, mais une voiture WRT est toujours aux avant-postes le jour de la course. 

L'autre équipe est ROWE Racing. L'équipe allemande a remporté la victoire avec BMW en 2016 et lors de la dernière édition avec Porsche, devenant ainsi la seule équipe à triompher avec des marques différentes à l’ère GT. ROWE a également été deuxième en 2017 et 2018, confortant ainsi son statut de poids lourd des courses d'endurance.

Autre thème d’importance de l'ère GT3, battre les records. En effet, la dernière édition est à l’origine de deux nouvelles références. Premièrement, le meilleur tour en course en GT3 a été réalisé par Marco Mapelli (Lamborghini Orange1 FFF), en 2m18.146, soit plus d'une demi-seconde plus rapide que le précédent record établi par Nicky Catsburg.

Plus impressionnant encore, le nombre de voitures qui ont terminé dans le même tour, en tête de la course. Au cours des trois dernières éditions, la moyenne du nombre de voitures était de cinq, mais cette année pas moins de huit voitures sont passées sous le drapeau à damier dans le même tour pour établir un nouveau record. Le rythme de cette progression a été incroyable : en 2011, la triomphante Audi WRT a gagné avec deux tours d’avance, tandis que la voiture qui a terminé huitième a passé la ligne avec 18 tours de retard. 

Les listes d'engagés ont également grossi, avec un record de 72 voitures sur la grille en 2019. Il y avait en 2018 pas moins 13 marques différentes, et les 76% du plateau ont été classés sous le drapeau à damier, un autre record. Le finish le plus proche des 20 dernières années a eu lieu en 2019, lorsque 3.347s séparaient les deux Porsche de tête, une situation facilitée par une voiture de sécurité très tardive. Cette année, l'écart de 4.687, sans voiture de sécurité dans la dernière demi-heure, est sans doute plus authentique. 

Le nombre de pilotes qui ont disputé les 24 Heures au cours de la dernière décennie est gigantesque, mais seuls deux noms sont apparus sur la liste des engagés lors de chacune des 10 dernières éditions: Maxime Martin et Louis Machiels. Fils de la légende de la course Jean-Michel Martin, Maxime a débuté en 2006 et est fidèle depuis 2008, vainqueur en qualité de pilote officiel BMW en 2016 et désormais sur Aston Martin depuis 2018. 

Machiels n'a manqué aucune édition depuis 2009 et a piloté une Ferrari au cours des 10 dernières années, remportant la catégorie Pro-Am en 2012 et 2014 avec la magnifique équipe AF Corse. Il semble plutôt approprié que les deux pilotes toujours présents sous l'ère GT3 soient des pilotes belges, vainqueurs des 24 Heures. 

Laurens Vanthoor, victorieux cette année et devenant le quatrième double vainqueur de la dernière décennie, est un autre régional de l’étape rencontrant un certain succès à Spa. Les autres sont Markus Winkelhock, Rene Rast et Philipp Eng. Contrairement à ce trio, Vanthoor a gagné avec deux marques différentes: Audi en 2014 et Porsche cette année.

Au total, 26 pilotes ont triomphé depuis que la GT3 est devenue la catégorie reine. Fait remarquable, Bernd Schneider, vainqueur en 2013, s’était déjà imposé sur les 24 Heures en 1989, lorsque l'épreuve répondait au règlement des voitures de tourisme. Pour remettre les choses dans leur contexte, Schneider a partagé la Mercedes HTP Motorsport victorieuse avec Maxi Buhk, né en 1992 ! Cela signifie aussi que Buhk, 20 ans, est devenu le plus jeune vainqueur au classement général de la course. 

Au cours de la dernière décennie, une structure simplifiée des catégories a émergé. Tout au long de cette période, la Pro-Am a été une catégorie incontournable de l'épreuve et la plus importante entre 2011 et 2015. La Am Cup (connue sous le nom de Gentlemen Trophy entre 2011 et 2014) a également été omniprésente, tandis que la Silver Cup a été introduite en 2018.

Deux équipes se démarquent comme étant particulièrement redoutables parmi les prétendants à la victoire par catégorie. L'équipe Ferrari AF Corse a décroché cinq victoires, une en Am et quatre en Pro-Am, au cours de l'ère GT3. L'équipe détient également la meilleure place pour une « voiture catégorisée » pendant cette période, terminant quatrième au général en 2015. 

Plus récemment, Barwell Motorsport s’est transformé en spécialiste de Spa avec ses deux Lamborghini. Les trois dernières éditions ont vu l'équipe britannique remporter trois victoires dans trois catégories, vainqueur de la Am Cup en 2018, de la Silver Cup en 2019 et de la Pro-Am cette année. 

Au cours de cette course, deux pilotes ont remporté deux victoires de classe pour Barwell: Leo Machitski (Am Cup en 2018, Pro-Am en 2020) et Sandy Mitchell (Silver Cup en 2019, Pro-Am en 2020). Ils ne sont pas les seuls, huit autres pilotes ont remporté plusieurs victoires de classe au cours de la dernière décennie. Marco Zanuttini et Niki Cadei ont remporté deux victoires consécutives en Am Cup avec Kessel Racing en 2016 et 2017.  David Perel a permis à Rinaldi Racing d’ajouter une victoire Pro-Am en 2018.

Jean-Luc Beaubelique a gagné la catégorie Pro-Am en 2011 et la catégorie Am en 2013, tandis que Stéphane Lémeret s’est imposé dans les mêmes catégories en 2015 et 2020. Le trio AF Corse composé de Niek Hommerson, Louis Machiels et Andrea Bertolini a été lauréat du Pro-Am en 2012 et 2014, tandis que Bertolini a aussi été double vainqueur au classement général durant les années GT1. Maxi Götz a également gagné au général et dans une catégorie, triomphant aux côtés de Schneider et Buhk en 2013 avant de s’imposer en Pro-Am en 2017.

Les GT3 ont été déterminantes dans le succès des Total 24 Hours et il ne fait aucun doute que les courses GT se poursuivront dans les Ardennes dans les années à venir. La GT3 pourra-elle demeurer la catégorie reine pendant une nouvelle décennie ? Dans un sport qui se transforme aussi rapidement, c’est vraiment impossible à prédire. Ce qui est certain, c'est que le règlement actuel est à l’origine de gigantesques grilles de départ et de courses épiques. Quelle qu’en sera sa durée, cette période restera dans les mémoires comme une période mémorable.

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